LE MANIFESTE

V.- Pourquoi un tel Mouvement des Travailleurs et des Citoyens?

Jusqu’à présent, nous n’avons pas la liberté, ni l’égalité, ni la fraternité, valeurs pour lesquelles nos ancêtres avaient fait 1804. En effet, depuis le triomphe de la contre révolution de 1806, c’est toujours la dictature: dictature urbaine sur la paysannerie, la domination de la majorité par la minorité, le vol, la gabegie et la corruption gangrènent toutes les sphères des institutions nationales, les coups-bas politiques, préjugés de toutes sortes, mise en place d’un Etat vassal «restavèk» qui devient un frein au développement du pays, au progrès social et à l’émancipation du peuple haïtien. Oui, un Etat croupion à caractère mafieux au service exclusif de la minorité oligarchique.

Qui que nous soyons: démunis végétant dans des bidonvilles ou ailleurs; étudiants vivant sans lendemain; cadres fonctionnant dans des conditions socioéconomiques désastreuses; ouvriers incapables de répondre aux besoins élémentaires de leurs familles; commerçants vivant dans l’insécurité; entrepreneurs industriels et «Sara» exposant leurs marchandises au milieu des immondices; paysans semant sans espoir de récolter; cultivateurs dépensant pour rien leur force de travail; artisans et chômeurs cherchant désespérément du travail, nous devons dire que cette situation, expression de ce chaos généralisé, ne peut plus durer. Car, elle a comme conséquences: l’accentuation de l’exode rural, la bidonvilisation de nos principales villes, la fuite massive de nos cerveaux vers l’étranger, la violence urbaine, la montée de l’insécurité sous toutes les formes, la précarité sociale, la décapitalisation accélérée des classes moyennes. Dès lors, une question s’impose: que devons-nous faire ensemble pour ne pas continuer à sombrer? Parce que, nous sommes tous embarqués sur le même bateau, s’il venait à couler, bons nageurs ou pas, nous péririons tous!

Ainsi, pour empêcher cette catastrophe annoncée, nous devons refaire l’union avortée entre nouveaux et anciens libres. Cette fois-ci, une union qui réponde bien à ce mot d’ordre rassembleur des Pères fondateurs: «l’Union fait la force»! Une mission qui se traduit par un accord puissant, un pacte sacré entre tous les travailleurs, citoyens et citoyennes du pays.

Pour y arriver, nous devons oser dire et oser faire. Oui, nous devons oser penser et agir autrement! A notre mentalité égocentrique et individualiste: «Chak Koukouy klere pou je w», héritage d’une éducation coloniale fondée sur de fausses valeurs, nous substituerons une philosophie vitale: luttons ensemble, gagnons ensemble, vivons ensemble!

Les différents événements politiques qu’a vécus le pays durant les deux dernières décennies notamment sous le règne du PHTK, nous montrent clairement que le peuple haïtien ne veut plus être divisé, ne peut plus vivre dans la peur. Il choisit la paix, l’égalité, l’inclusion, la fraternité et le progrès. En un mot, il opte pour un pays qui offre les mêmes possibilités à tous ses fils et filles. Pour cela, encore une fois, il est aujourd’hui un impératif de simple survie de lutter ensemble. C’est la seule garantie pour relever le défi de notre sous-développement.

Aussi, encourageons-nous tous les secteurs à réfléchir ensemble pour trouver, enfin, une solution durable à la crise structurelle de la formation sociale et économique d’Haïti. Conjuguons nos forces et nos énergies pour une nouvelle Haïti construite «ak tout moun pou tout moun».