LE MANIFESTE
IV.- Qui sommes-nous ?
Nous sommes un groupe de citoyens et citoyennes haïtiens, travailleurs intellectuels et manuels, conscients du péril national et ayant pris la décision d’agir pour relever le défi qu’est celui de la reconstruction/refondation du pays et cela, malgré nos différences en termes de trajectoire et d’expériences politiques et sociales. Aujourd’hui le regard porté sur le vécu haïtien, notamment à partir des réflexions produites autour des dernières élections qu’a connues le pays notamment celles de 2011, il y a lieu de souligner que:
Les partis politiques actuellement existants en Haïti ne sont non seulement pas représentatifs mais surtout, ne sont pas porteurs de projets alternatifs de pensée et d’action. Voilà pourquoi, nous semble t-il, ils se révèlent incapables de changer la réalité sur le terrain
La Communauté Internationale», à dessein, n’a pas fourni l’accompagnement nécessaire au peuple haïtien dans sa difficile lutte pour sortir de la tradition dictatoriale et oligarchique pour entrer dans la modernité démocratique ;
Les associations socioprofessionnelles, les organisations populaires, des quartiers et des habitations, les réseaux multiples de citoyens se contentent en général de réagir aux coups cumulatifs venant des agents du pouvoir oligarchique. Ils se révèlent eux aussi, à cause de l’absence d’un outil organisationnel conséquent, incapables de proposer, de défendre et de porter un projet alternatif de société. En effet, dans la plupart des cas, leurs mobilisations et luttes revendicatives, si elles ne sont pas récupérées par les agents de l’Etat oligarchique, sont tout bonnement taxées d’anarchie et de désordre aveugle. Par-là, ils ont montré leur limite par rapport aux formes d’actions et de propositions que requiert le traitement de la crise sociétale actuelle ;
L’expérience nous a montré que le dépôt de la destinée de ce pays en un leader charismatique même jouissant d’une forte popularité, est souvent improductif. La leçon à retenir que ce dernier ne peut à lui seul porter le lourd fardeau qu’est celui de conduire Haïti vers les chemins de la démocratie participative, du changement social et du progrès surtout dans un contexte où la souveraineté nationale est lourdement hypothéquée ;
Il s’avère entre temps que même la démocratie occidentale, comme mode de pensée et système de gestion des rapports et d’intérêts conflictuels entre les groupes sociaux, doit s’appuyer sur une base matérielle forte et un fondement éthique solide. Il faut sous-entendre ici un modèle économique viable, soutenu par une culture dynamique donnant sens et cohérence aux institutions démocratiques. Il nous faut arriver à construire un vaste mouvement socio-politique citoyen qui soit capable de mettre ensemble toutes les catégories sociales et les forces vives du pays pour porter ensemble le projet de refondation d’Haïti.